L'éducation du réel
Parce que la solitude de l'enfance dévorait tout, je n'aimais pas Noël. Je n'aimais pas davantage fêter mon anniversaire et d'ailleurs je refusais de faire honneur à ma date de naissance. Toutes les fêtes familiales, toutes les familles heureuses, me donnaient à regarder bien en face les traces profondes des souvenirs déchus de la première partie de ma vie, celle qui comptait encore une table pleine au milieu de laquelle je trônais en enfant chérie. Folie que de vouloir faire durer un bonheur qui n'était qu'une chimère depuis le départ sans doute. Mais les enfants sont si naïfs, et tellement plein d'espoirs tapis à l'ombre des ruines. Sur l'autel amnésique de cette histoire, il ne restera rien que les larmes rouillées d'une quête idolâtre.
Bien sûr j'ai grandi et me suis échappée habilement de la potence du vide. Jusqu'à ce que je sois maman. C'est à ce moment là seulement que j'ai mesuré à quel point le passé pesait sur moi de tout son poids d'émotions refoulées. Il aura fallu 1 puis 2, puis 3 petites pousses pour le comprendre. Toutes les douleurs gardées ont coulé abondamment sur mes joues à chaque fête, à chaque anniversaire de ces 6 dernières années. Comme pour tout nettoyer.
L'autre soir, il y avait le spectacle de Noël de l'école. J'avais préparé mes petits mouchoirs, je les avais rangés au fond de ma poche, il étaient prêts à être dégainés à la première perle d'eau salée.
Et ? Rien. Aucune émotion de la petite fille que j'avais été pour voiler mon regard et tout submerger, tout dévaster. Pour la première fois j'étais totalement présente à eux, simplement fière et heureuse de les sentir épanouis sur la scène. Je contemplais ces petits artistes complices et très à l'aise, arborant tous une casquette et un maillot coloré. Je les admirais danser le folk au son des accordéons, me disant qu'ils avaient bien gardé le secret de leurs représentations. Mon fils prenait le micro avec assurance pour réciter son poème sur la paix, ma fille dansait comme un oiseau vole dans le vent, et je croyais toucher du doigt le vrai bonheur sans les ravages du passé. Alors j'ai regardé derrière moi. Rien n'avait changé, vraiment rien. Sauf mon regard justement.
Ces richesses me regonflent comme un soleil ivre de mars, joie inaltérable qui se grave par petits bouts dans le dur de mon coeur, et vient remplir le vide de mes années perdues. Pour enfin, rendre le futur à demain et ramener la vie à sa plus simple expression.
Bien sûr j'ai grandi et me suis échappée habilement de la potence du vide. Jusqu'à ce que je sois maman. C'est à ce moment là seulement que j'ai mesuré à quel point le passé pesait sur moi de tout son poids d'émotions refoulées. Il aura fallu 1 puis 2, puis 3 petites pousses pour le comprendre. Toutes les douleurs gardées ont coulé abondamment sur mes joues à chaque fête, à chaque anniversaire de ces 6 dernières années. Comme pour tout nettoyer.
L'autre soir, il y avait le spectacle de Noël de l'école. J'avais préparé mes petits mouchoirs, je les avais rangés au fond de ma poche, il étaient prêts à être dégainés à la première perle d'eau salée.
Et ? Rien. Aucune émotion de la petite fille que j'avais été pour voiler mon regard et tout submerger, tout dévaster. Pour la première fois j'étais totalement présente à eux, simplement fière et heureuse de les sentir épanouis sur la scène. Je contemplais ces petits artistes complices et très à l'aise, arborant tous une casquette et un maillot coloré. Je les admirais danser le folk au son des accordéons, me disant qu'ils avaient bien gardé le secret de leurs représentations. Mon fils prenait le micro avec assurance pour réciter son poème sur la paix, ma fille dansait comme un oiseau vole dans le vent, et je croyais toucher du doigt le vrai bonheur sans les ravages du passé. Alors j'ai regardé derrière moi. Rien n'avait changé, vraiment rien. Sauf mon regard justement.
Ces richesses me regonflent comme un soleil ivre de mars, joie inaltérable qui se grave par petits bouts dans le dur de mon coeur, et vient remplir le vide de mes années perdues. Pour enfin, rendre le futur à demain et ramener la vie à sa plus simple expression.