La parenthèse enchantée
Un pique nique en famille comme une mise en bouche gourmande. Pourtant. Un temps froid et pluvieux, un Malo bien râleur et fatigué, une journée écourtée. Le désir d'y goûter encore un peu et savourer vraiment l'essence même de cette rencontre. Transformer l'essai pour un plat plus consistant. Alors. Elle trouvera la route, elle reconnaîtra vite la maison et la place aux photos qu'elle a vues ici. Une belle journée ensoleillée, des enfants partout autour, leurs joies et leurs chagrins en écho. Elle vit la hutte aux pies, elle la connaît à travers son écran, elle se greffe à mon emploi du temps avec le sourire, oui bien sûr, elle fera la sortie des écoles. Comme elle est douce, les enfants l'accaparent et elle se prête au jeu. Les échanges sont faciles,des tisanes pour se désaltérer à tout moment. Elle habite la maison de sa présence si calme. Son bébé serein et rieur s'accoutume sans mal au climat pétillant de la maisonnée bruyante. Je ne joue pas un jeu, elle me connaît déjà ! Je me sens bien. Une petit promenade en fin d'après-midi, au premier souffle d'air, parce que Malo veut présenter son copain Pépito.Elle met son bébé dans son dos,Anna nous devance à vélo, Malo sautille entre nous, Gaspard dort dans la poussette lové dans sa peau de mouton. Et si je manque un peu de patience ce jour là avec les enfants, si je suis moins attentive je le sens bien, c'est qu'ils occupent toute cette place, qui est la leur chaque jour, quand je voudrais tout faire. Parce que je sais la rencontre avec elle éphémère, voler un éclat de vie pour une petite journée. La soirée pointe, il est temps de refermer la parenthèse, elle s'en va. A peine a-t-elle tourné le dos et je sais déjà tout ce qu'on n'a pas eu le temps de partager, les discussions avortées par un appel des enfants, les questions que j'aurais aimé lui poser. Parfois, le temps court trop vite, et rien n'y change, que l'on veuille tout faire, ou pas.
