Sa vie sans moi (billet triste)
J'ai longtemps été tiraillée entre cette nécessité vitale et animale d'être auprès d'eux, toute entière à leurs côtés, pour les accompagner au plus juste de leurs besoins. Et cette petite voix quelque part qui sussure à mon oreille, qui me somme d'avoir aussi une vie sans eux, des moments bien à moi. C'est vrai que j'ai envie, peut-être, de travailler un petit peu à l'extérieur de la maison, quelques heures par semaine. Et puis demain ou presque le congé parental prend fin, et Montessori a un coût qu'il faut assumer, et sentir une stimulation intellectuelle, avoir un salaire sur mon compte courant, une fiche de paie à mon nom, une indépendance réelle, une vie, une femme.
Et surtout, surtout, ma solitude pèse trop lourd, je ne peux plus en supporter le poids. Je m'écroule jour après jour dans cette prison de verre, cette cage dorée et confortable. Les réseaux de soutien et d'entraide ne sont plus au goût de la modernité, chacun chez soi s'en sort comme il peut. Aucun membre de notre famille ne se propose d'être une présence auprès des enfants. Une présence active et désintéressée pour nous permettre de vivre un peu sans eux, en les sachant bien sans nous. Alors.
J'ai puisé dans mes ressources, j'ai chassé ma mauvaise conscience (mais elle rode, féroce), j'ai bravé mon instinct de mère louve qui me dit de garder mon petit près de moi, de ne pas le laisser à une autre, à une inconnue.
Ce matin, nous sommes allés rencontrer une dame qui s'occupera de Gaspard tous les lundis. Pour que je me retrouve un peu, pour que j'ai le temps de chercher de quoi demain sera fait. Une dame que j'ai vu fonctionner avec les enfants quand nous fréquentions encore l'école publique, une dame qui pourrait être la mamie de Gaspard et dont on m'a dit du bien. Mais une inconnue. Ou presque.
Saura-t-elle accompagner mon bonhomme vers le sommeil ? Saura-t-elle décrypter ses envies, écouter ses émotions sans les brider ? Saura-t-elle l'aimer ? Sera-t-il heureux là bas, dans cette maison ? Gaspard a bien compris le contrat qui se profile pour lui dès lundi, et il dit très fort d'une voix décidée : "non, c'est maman qui garde Gaspard". J'essaie de montrer à Gaspard une maman certaine de ses choix, mais il n'en est rien.
Je ne me sens pas très bien, et les larmes sont juste là pour me rappeler que j'ai tellement peur. Même si je sais à quel point j'ai besoin d'imaginer ma vie sans être seulement une mère. Allez, un peu de temps sans eux. Juste un peu. Je suis perdue, et je vais de ce pas chercher un mouchoir...
Et surtout, surtout, ma solitude pèse trop lourd, je ne peux plus en supporter le poids. Je m'écroule jour après jour dans cette prison de verre, cette cage dorée et confortable. Les réseaux de soutien et d'entraide ne sont plus au goût de la modernité, chacun chez soi s'en sort comme il peut. Aucun membre de notre famille ne se propose d'être une présence auprès des enfants. Une présence active et désintéressée pour nous permettre de vivre un peu sans eux, en les sachant bien sans nous. Alors.
J'ai puisé dans mes ressources, j'ai chassé ma mauvaise conscience (mais elle rode, féroce), j'ai bravé mon instinct de mère louve qui me dit de garder mon petit près de moi, de ne pas le laisser à une autre, à une inconnue.
Ce matin, nous sommes allés rencontrer une dame qui s'occupera de Gaspard tous les lundis. Pour que je me retrouve un peu, pour que j'ai le temps de chercher de quoi demain sera fait. Une dame que j'ai vu fonctionner avec les enfants quand nous fréquentions encore l'école publique, une dame qui pourrait être la mamie de Gaspard et dont on m'a dit du bien. Mais une inconnue. Ou presque.
Saura-t-elle accompagner mon bonhomme vers le sommeil ? Saura-t-elle décrypter ses envies, écouter ses émotions sans les brider ? Saura-t-elle l'aimer ? Sera-t-il heureux là bas, dans cette maison ? Gaspard a bien compris le contrat qui se profile pour lui dès lundi, et il dit très fort d'une voix décidée : "non, c'est maman qui garde Gaspard". J'essaie de montrer à Gaspard une maman certaine de ses choix, mais il n'en est rien.
Je ne me sens pas très bien, et les larmes sont juste là pour me rappeler que j'ai tellement peur. Même si je sais à quel point j'ai besoin d'imaginer ma vie sans être seulement une mère. Allez, un peu de temps sans eux. Juste un peu. Je suis perdue, et je vais de ce pas chercher un mouchoir...